La_Parisienne.jpgMes parents et moi, nous avons toujours vécu ici parce que c’était calme, comme à la campagne. J’ai grandi dans ce champ sans bouger, mes parents étaient trop occupés par leur boulot. Papa était toujours après moi, il avait peur que je grandisse mal ! Maintenant, il y a beaucoup de constructions et d’agitation dans notre quartier.

Papa dit que je dois être fière d’être née dans ce pays, qu’il y a une grande exposition universelle qui va être organisée et inaugurée par le Président de la République, cette année, et que tout le pays va être en liesse.

En attendant, je ne bouge pas, je veux faire la fête. Papa m’a dit que si j’étais bien sage, je verrai passer beaucoup de monde depuis le balcon. Il ne veut pas que je sorte, il y a une foule trop bigarrée. Et c’est vrai, là où se pose mon regard, je vois des belles dames et des messieurs habillés en dimanche, des musiciens ambulants – leurs airs entraînants couvrent les conversations que je ne comprends pas – et des marchands de friandises… Miam ! Miam !

L’escalier de l’immeuble est immense et j’ai peur de prendre l’ascenseur mais j’aimerais bien descendre suivre cette foule dans tous les pavillons de l’exposition. J’y serais comme à l’école pour apprendre la vie des autres pays. Mais papa ne veut toujours pas !

J’ai l’impression que tous ces gens me regardent. Je voudrais me cacher, ne pas bouger et puis, j’aimerais bien que ma sœur soit là pour me protéger. Elle ne viendra pas, elle est bloquée dans son île à New-York, comme moi ici à Paris sur le Champ de mars.

Je me présente : je suis la tour Eiffel.

Catherine Mans

Juin 2013